Le point sur les coupes en francisation

20-12-2024

Par Yvon Comtois
3e vice-président, SERQ

Malgré les diverses interventions et les moyens de pression exercés auprès du gouvernement durant les derniers mois, celui-ci demeure inflexible et persiste dans sa volonté de ne pas investir davantage dans la francisation au secteur des adultes. Ce sous financement aura comme conséquence qu’environ 100 enseignantes et enseignantes de francisation à l’EDA perdront leur emploi et plus de mille élèves devront être, si possible, relocalisés.

D’ailleurs, cette possible relocalisation se fera selon une offre de service gérée par le MIFI dans de nouveaux lieux (ou en ligne) où le ministère emploie des formateurs ou des animateurs avec un salaire nettement inférieur. Ces nouveaux services de francisation dont l’implantation semble totalement improvisée, sont dans un premier temps, insuffisants pour combler les demandes de ceux qui sont en attente de services de francisation et ce, sans tenir compte de l’ajout des élèves qui seront évincés de la francisation à l’EDA.

 De plus, la francisation en ligne et certains cours offerts par le MIFI offrent une formation inadéquate qui aura des impacts importants sur les immigrants (retardement de la réussite d’un niveau de francisation permettant la réalisation d’un projet d’étude, le renouvellement d’un permis de travail, l’octroi de la résidence permanente et de la citoyenneté canadienne, etc.).

À la suite des pressions faites par les différents groupes concernés, le ministre a décidé de réinvestir 10 millions supplémentaires à l’EDA. Cette somme est nettement insuffisante pour rétablir le service de francisation dans les CSS et représente, selon nous, un aveu de la part ministre qu’il est incapable d’accueillir les élèves de l’EDA dans la structure du MIFI. En ce qui concerne nos membres, cette somme aura très peu d’impact pour eux et leurs élèves car elle permettra seulement le maintien d’un faible nombre d’heures de francisation sur la côte de Beaupré et le maintien d’un emploi au CSSPS.

Bref, le ministre Roberge semble vouloir faire de la francisation à rabais en faisant fi de l’expertise des personnes enseignantes de l’EDA et en minimisant l’impact de ce changement sur l’intégration des immigrants aux Québec. Il fait encore preuve d’une méprise des compétences des enseignants comme il le faisait lorsqu’il était ministre de l’Éducation. Dans les prochaines semaines, le SERQ et la FAE vont continuer à mettre de la pression sur M. Roberge pour qu’il reconnaisse le rôle majeur que joue la francisation à l’EDA dans l’intégration des immigrants au Québec. Nous allons aussi continuer d’interpeler le ministre de l’Éducation pour qu’il se porte à la défense de l’expertise des enseignants de son réseau. Nous sommes à analyser toutes les avenues possibles.

Solidairement,

Yvon Comtois